Après
la mort de son père, Louis VI est rapidement sacré le
3 août 1108 à Orléans, car sa marâtre Bertrade
qui a déjà tenté de l'empoisonner, essaye de
placer son fils Philippe de Mantes sur le trône.
Heureusement, Louis VI qui gouverne officieusement depuis près
de dix ans, n'a aucun mal à s'imposer.
Sous le règne de son père, le roi avait commencé
à débarrasser le domaine royal des seigneurs pillards.
Mais
la tâche est rude car certains de ces seigneurs sont très
puissants. L'un d'eux, Hugues du Puiset, qui au dire de l'Abbé
Suger "dévorait toutes les terres ecclésiastiques du
pays, ne fut éliminé au combat qu'en 1118, après
que son château fut pris et brûlé trois fois. Un
autre, Thomas de Marle, était en plus une brute sanguinaire,
et il faut attendre 1130 pour qu'il soit tué dans son château
de Coucy.
On ne saurait compter toutes les batailles que le roi eu à
soutenir pour venir à bout de ses pillards.
Ce qui prouve qu'avant de devenir Louis Le Gros, le roi n'ait pas
rechigné au combat. Par ailleurs, lors des premières
années de son règne, son surnom était Louis l'éveillé.
Mais
le roi ne se contente pas d'assurer la sécurité en son
seul domaine. Il tente de nuire à l'indépendance des
grandes baronnies.
Dès 1109 il intervient en Bourbonnais pour stopper la rébellion
d'Aimon II (Vaire-Vache) qui après avoir dépouillé
Archambaud, son neveu, refuse de comparaître devant la justice
royale. Il pousse même en Auvergne à la demande de l'évêque
de Clermont persécuté par Aimery, le comte d'Auvergne,
où il brûle Montferrand en 1126 pour l'obliger à
se plier à sa justice.
Roi d'Angleterre et duc de Normandie depuis 1100, Henri I de Beauclerc,
le plus jeune des fils de Guillaume le Conquérant, était
le plus grand ennemi du roi.
Dès 1109 commencent les hostilités. Les barons normands
se divisent, mais cela n'empêche pas Louis VI de signer un traité
qui donne à Henri I la suzeraineté sur le Maine et la
Bretagne en 1113.
Cela
explique que le roi ait toujours soutenu Guillaume Cliton, fils de
Robert Courteheuse, surtout après la défaite de Brémule
le 20 août 1119.
Pour condamner son ennemi, le roi fait appel au pape Calixte II. Mais
ce dernier ne propose qu'une trêve que le roi est dans l'obligation
de signer.
Le
25 décembre 1120, tout les héritiers directs de Henri
I périssent lors de la catastrophe de la Blanche Nef. En 1124,
Henri I fait appel à son gendre l'empereur Henri V pour s'allier
contre Louis VI, mais l'empereur meurt en 1127. Le roi d'Angleterre
a alors l'idée de remarier sa fille à Geoffroy le Bel,
dit Plantagenêt, héritier du fief angevin.
De
plus, Guillaume Cliton décède en 1128 ce qui affaiblit
le poids du roi de France face au souverain anglais. Mais Henri I
meurt en 1135.
Louis
VI choisit successivement deux clercs pour le conseiller : Etienne
de Garlande et Suger. On pourrait penser qu'il s'agit d'un gage de
paix avec l'église, mais il n'en est rien.
Étienne de Garland pratiquait tout autant le cumul des bénéfices
et des fonctions que le népotisme.
Certes le roi s'appuya sur le clergé qui avait aussi besoin
de sa protection pour dompter les châtelains.
Mais
il traita brutalement plusieurs évêques, et n'hésita
pas à affirmer la supériorité de la justice royale
sur la justice d'église lors d'un conflit avec l'évêque
de Paris.
En revanche, il s'allie à la papauté, quitte à garder
son indépendance, comme en 1113 quand le pape voulut doubler
l'évêché de Noyon-Tournai, et surtout quand Calixte
II voulut en 1121 accorder la primatie des gaules à Lyon au
détriment de Sens.
Quatre papes vinrent en France sous le règne de Louis VI, et
quand un schisme éclata en 1130, le roi soutint Innocent II
le pape légitime, contre Anaclet II.
Après
avoir fait annuler son mariage avec Lucienne de Rochefort pour non
consommation, le roi épouse en 1115 Adélaïde de
Savoie qui lui donne huit enfants, dont l'héritier Philippe
qui est sacré en 1128. Mais ce dernier meurt en 1131 et est
remplacé dans l'année par son frère Louis, sacré
à Reims par Innocent II.
Le roi conseillé par Suger négocie avant sa mort, le
1er août 1137, le mariage de Louis avec la fille du Duc d'Aquitaine
Guillaume X, qui n'est autre que la fameuse Aliénor d'Aquitaine.
Bien que Suger ait probablement exagéré
ses éloges, Louis VI peut être considéré
comme le premier grand roi de France.
Il agrandit le domaine de plusieurs châtelleries d'Ile de France
et du comté de Corbeil, de plus il pacifie le domaine royal
et améliore son administration.
Le mariage qu'il organise entre son fils et Aliénor d'Aquitaine
est une brillante manoeuvre pour étendre le pouvoir de la France,
bien qu'il ne pouvait en deviner l'issue désastreuse.
Louis VI avait coutume de dire :
"Quelle misérable condition est la nôtre de ne jamais
savoir et pouvoir tout ensemble ! Jeune, si j'avais su, et vieux,
si je pouvais, j'aurais conquis bien des royaumes !"