Louis 9

Né à Poissy en 1214, il meurt en 1270 à Carthage
Il règne de 1226 à 1270.

Portrait de Louis 9 le Saint
Durant son enfance Saint Louis est décrit comme étant un beau petit garçon blond au regard angélique. Mais il avait déjà un tempérament emporté et coléreux que son éducation du adoucir. Seule l'intelligence supérieure de sa mère parvenait à le calmer. Malgré ses qualités humaines pour les malades et les pauvres, à qui il donnait l'espoir, il fit pourtant preuve d'une grande cruauté pour ceux qu'il considérait comme hérétiques.

Après la mort de Louis VIII, La régente Blanche de Castille (qui n'a jamais porté ce titre officiellement) s'empresse de faire sacrer le jeune Louis IX à Reims le 29 novembre 1226. Mais l'absence de nombreux grands seigneurs était déjà une indication sur les conflits auxquels elle devrait faire face.
Dès fin 1226 se forme une coalition comprenant le comte Thibault IV de Champagne, le Comte de la Marche Hugues de Lusignan et le Comte de Bretagne Pierre Mauclerc, le tout soutenus par Henri III d'Angleterre. Heureusement, Thibault de Champagne, probablement pour l'affection qu'il portait à Blanche de Castille, se retire de la coalition et la fait échouer. Et c'est chèrement que la régente obtiendra l'hommage des autres conjurés au printemps de 1227. Finalement, suivant Philippe Hurepel, le demi frère de Louis VIII, qui aurait voulu la régence, les conjurés se retournent contre Thibault de Champagne. De son côté Pierre Mauclerc prête hommage au roi d' Angleterre en octobre 1229, mais la régente convoque une armée contre lui et réussit à apaiser temporairement (1230 à 1231) les querelles entre grands féodaux. En outre elle règle, non sans dégâts la révolte des étudiants parisiens (1229 à 1231) et conclue la paix avec le Comte de Toulouse.

A la mort de Louis VIII, il était prévisible que les barons méridionaux restés en place ou dépossédés eussent envie de prendre leur revanche, et la guerre reprit. Mais à l'initiative de la papauté, une trêve fut conclue en novembre 1226, suivie d'un accord conclu à Meaux le 11 avril 1229. Cet accord maintenait Raimond VII dans ses possessions toulousaines, et décidait que sa fille épouserait un frère du roi et lui imposait de financer une université à Toulouse et d'extirper l'hérésie. De plus il était tenu de séjourner 5 ans en Terre Sainte.

Cependant l'institution de l'inquisition au Languedoc en 1233 n'arrange pas les choses, et fin 1235 les inquisiteurs sont chassés de Toulouse. Et lorsque le Vicomte de Béziers Raymond Trencavel, tente de reprendre Carcassonne, la guerre recommença.
Le 29 mais 1242 se produit un événement décisif à Avignonet, les cathares massacrent 2 inquisiteurs et l'Archidiacre de Toulouse. De peur de paraître compromis le Comte de Toulouse, qui venait pourtant de prendre Narbonne et Albi, préfère se soumettre et signer avec le roi le traité de Lorris en janvier 1243. Il renonce à Narbonne et Albi, jure qu'il pourchassera l'hérésie, puis finalement excommunié par les inquisiteurs il part se faire pardonner à Rome.
L'épisode du siège de Montségur d'avril 1243 à mars 1244, très douloureux dans la mémoire méridionale et symbolique de la cruauté des inquisiteurs, apparaît alors comme une opération policière et religieuse, se que montre bien le sort des assiégés ; la liberté pour les rebelles et le bûcher pour les hérétiques. Par contre le roi et la régente on sut se montrer magnanimes à l'égard du versatile Raymond VII.

A l'instar des barons méridionaux, le roi d' Angleterre Henri III encouragé par les papes Honorius III et Grégoire IX, avait une revanche à prendre sur le roi de France. Après son échec en avril/octobre 1230 et affaiblit par la trêve de trois ans conclue entre son allié Pierre Mauclerc et le roi, il cherche l'appuis d'un nouvel allié, qu'il trouve en la personne de Hugues de Lusignan qui avait épousé sa mère Isabelle (la veuve de Jean sans Terre). Le 20 mai 1242, il débarque à Royan, mais est battu à Taillebourg et à Saints en juillet, et Raymond III ne venant pas à son secoure, il est obligé de conclure le 12 mars 1243 une trêve avec Saint Louis de cinq ans. Il faut attendre le retour de Saint Louis de sa première croisade pour que le traité de Paris mette fin le 28 mai 1258 à la première guerre de 100 ans. Traité surprenant, car si le roi d'Angleterre conservait la Guyenne, Saint Louis lui rendait le Quercy, le Périgord, le Limousin et la Saintonge.

Depuis 1229, Pierre Mauclerc et Thibaud de Champagne menaient une croisade qui avait aboutie à la reprise (1241), puis à la chute (1244) de Jérusalem. Saint Louis décide donc de se croiser, il confie la régence à Blanche de Castille et part d'Aigues Mortes le 25 août 1248 avec sa femme Marguerite de Provence (qu'il a épousé en 1234).
Après un séjour à Chypre, il débarque en Egypte et prend Damiette le 6 juin 1249. Mais en passant pas l'Egypte il commet une faute stratégique. Il s'y enlisa et échoua devant Mansourah, où son frère Robert d'Artois fut tué. Lui même est fait prisonnier en avril, et son armée fut décimé par la peste. Il dut abandonner Damiette et verser une grosse rançon pour sa libération et celle de ses barons. Une fois libre il se rend avec les rescapés en Syrie où il aide les barons francs à fortifier les positions (Césaré et Saint Jean d'Acre). Mais la mort de sa mère en novembre 1252 le décide à rentrer en juillet 1254 après 6 ans d'absence.

A son retour, Saint Louis rend la plus ancienne ordonnance de réformation. Influencé par le droit romain, mais aussi par le sentiment que le roi devait exercer un devoir sacré autant qu'impérial de justice, il impose à ses officiers des devoirs d'équité et d'intégrité autant que de dignité de vie (ni jeu de hasard ni fornication).
Cette ordonnance est étendue en 1256 à l'ensemble du domaine royal. Au delà même de la moralisation de la vie publique (mise des villes de communes sous tutelle) celui ci fut amené à sévir contre les jeux de hasard, la prostitution, les blasphèmes et l'ivrognerie, tout autant que contre les usuriers juifs (qu'il chasse en 1258), les banquier lombards et usurier méridionaux.

Sous le règne de Saint Louis, la cour du roi commence à se tenir "en parlement" pour y juger, parfois en sa présence et avec un personnel de plus en plus qualifié de juriste, les affaires les plus diverses. L'image traditionnelle transmise par Joinville représente Saint Louis rendant la justice sous un chêne à Vincennes.
De plus le roi interdit en 1261 le recours au duel judiciaire, qui permettait à un accusé de combattre son adversaire ou un témoin, voir même les juges !!!
Il est remplacé par la preuve testimonial et la procédure d'enquête. Il s'occupe également du système monétaire ; en 1262 une ordonnance impose une monnaie de bon aloi à tout le royaume, sans pouvoir établir le monopole royal de la frappe, mais interdisant aux seigneurs d'imiter la monnaie royale, la leur ne valant que pour leur seigneurie.

Malgré son échec, sa première croisade lui donne une dimension internationale, qui jointe à son sens inné de la justice et de la paix, en fait le conciliateur rêvé. Ainsi Saint Louis tente de contribuer à la paix en Europe. A l'époque du traité de 1258 avec l'Angleterre, il conclu le 11 mai 1258 avec l'Aragon le traité de Corbeil, dans lequel il renonce aux droits du royaume sur le Rousillon et le Comté de Barcelone, revendiqués depuis Charlemagne, cela en échange de l'abandon par Jacques I d'Aragon de ses prétentions à intervenir en Languedoc et en Provence. De plus, le mariage de son fils aîné, future Philippe le Hardi, avec Isabelle d'Aragon devait consolider ce traité.

A la fin de la 7ème croisade, Saint Louis avait aidé les barons francs de Terre Sainte à se fortifier. Mais dans les années 1260, la situation de ces derniers se détériore, et le Sultan mamelouk Baïbans réussit à s'emparer de Césarée en 1265, ainsi que de Jaffa et Antioche en 1268. Saint Louis veut se croiser de nouveau dès mars 1267, mais ses fidèles dont Joinville le lui déconseillent.
La préparation de la 8ème croisade fut longue. Elle part le 2 juillet 1270, toujours d'Aigues-Mortes.
Arrivé en Sardaigne, le roi précise que la Tunisie est le premier objectif. En fait Saint Louis espère que l'Emir, séduit par la religion chrétienne, se convertira et l'aidera à combattre en Egypte et en Syrie. Aussitôt débarquée l'armée des croisés réussit à prendre Carthage, mais loin de se faire convertir, l'Emir fait harceler les troupes royales par des arabes nomades.
C'est dans une tente en dehors de Carthage, que emporté par une épidémie de dysenterie ou de typhus, Saint Louis mourut comme un saint, étendu sur un lit de cendre le 25 août 1270. Charles d'Anjou arriva après sa mort et put négocier avec l'Emir le départ des croisés.

Dès le 25 août, les barons avaient prêté serment au nouveau roi, à qui il appartint de ramener les ossements de son père à Notre Dame de Paris, puis à Saint Denis pour l'inhumation de celui dont 1297 l'Eglise fit un Saint.
Juste avant son départ, Saint Louis écrivit une lettre à son fils Philippe, future roi, dans laquelle il donnait ses dernières recommandations :

"Cher fils, s'il advient que tu devienne roi, prend soin d'avoir des qualités qui appartiennent aux rois, c'est à dire que, quoi qu'il arrive, tu ne t'écarte pas de la justice. Et si il advient qu'il y ait une querelle entre un pauvre et un riche, soutiens de préférence le pauvre contre le riche jusqu'à ce que tu sache la vérité, et, quant tu la connaîtras, fait justice. Et s'il advient que tu aies querelle contre quelqu un d'autre, soutiens la querelle de l'adversaire devant ton conseil, et ne donne pas l'impression de trop aimer ta querelle jusqu'à ce que tu connaisse la vérité, car les membres de ton conseil pourraient craindre de parler contre toi, ce que tu ne doit pas vouloir."