Après
la mort de Louis VIII, La régente Blanche de Castille (qui
n'a jamais porté ce titre officiellement) s'empresse de faire
sacrer le jeune Louis IX à Reims le 29 novembre 1226. Mais
l'absence de nombreux grands seigneurs était déjà
une indication sur les conflits auxquels elle devrait faire face.
Dès fin 1226 se forme une coalition comprenant le comte Thibault
IV de Champagne, le Comte de la Marche Hugues de Lusignan et le Comte
de Bretagne Pierre Mauclerc, le tout soutenus par Henri III d'Angleterre.
Heureusement, Thibault de Champagne, probablement pour l'affection
qu'il portait à Blanche de Castille, se retire de la coalition
et la fait échouer. Et c'est chèrement que la régente
obtiendra l'hommage des autres conjurés au printemps de 1227.
Finalement, suivant Philippe Hurepel, le demi frère de Louis
VIII, qui aurait voulu la régence, les conjurés se retournent
contre Thibault de Champagne. De son côté Pierre Mauclerc
prête hommage au roi d' Angleterre en octobre 1229, mais la
régente convoque une armée contre lui et réussit
à apaiser temporairement (1230 à 1231) les querelles
entre grands féodaux. En outre elle règle, non sans
dégâts la révolte des étudiants parisiens
(1229 à 1231) et conclue la paix avec le Comte de Toulouse.
A la mort de Louis VIII, il était prévisible que les barons méridionaux restés en place ou dépossédés eussent envie de prendre leur revanche, et la guerre reprit. Mais à l'initiative de la papauté, une trêve fut conclue en novembre 1226, suivie d'un accord conclu à Meaux le 11 avril 1229. Cet accord maintenait Raimond VII dans ses possessions toulousaines, et décidait que sa fille épouserait un frère du roi et lui imposait de financer une université à Toulouse et d'extirper l'hérésie. De plus il était tenu de séjourner 5 ans en Terre Sainte.
Cependant
l'institution de l'inquisition au Languedoc en 1233 n'arrange pas
les choses, et fin 1235 les inquisiteurs sont chassés de Toulouse.
Et lorsque le Vicomte de Béziers Raymond Trencavel, tente de
reprendre Carcassonne, la guerre recommença.
Le
29 mais 1242 se produit un événement décisif
à Avignonet, les cathares massacrent 2 inquisiteurs et l'Archidiacre
de Toulouse. De peur de paraître compromis le Comte de Toulouse,
qui venait pourtant de prendre Narbonne et Albi, préfère
se soumettre et signer avec le roi le traité de Lorris en
janvier 1243. Il renonce à Narbonne et Albi, jure qu'il pourchassera
l'hérésie, puis finalement excommunié par les
inquisiteurs il part se faire pardonner à Rome.
L'épisode du siège de Montségur d'avril 1243
à mars 1244, très douloureux dans la mémoire
méridionale et symbolique de la cruauté des inquisiteurs,
apparaît alors comme une opération policière
et religieuse, se que montre bien le sort des assiégés
; la liberté pour les rebelles et le bûcher pour les
hérétiques. Par contre le roi et la régente
on sut se montrer magnanimes à l'égard du versatile
Raymond VII.
A l'instar des barons méridionaux, le roi d' Angleterre Henri III encouragé par les papes Honorius III et Grégoire IX, avait une revanche à prendre sur le roi de France. Après son échec en avril/octobre 1230 et affaiblit par la trêve de trois ans conclue entre son allié Pierre Mauclerc et le roi, il cherche l'appuis d'un nouvel allié, qu'il trouve en la personne de Hugues de Lusignan qui avait épousé sa mère Isabelle (la veuve de Jean sans Terre). Le 20 mai 1242, il débarque à Royan, mais est battu à Taillebourg et à Saints en juillet, et Raymond III ne venant pas à son secoure, il est obligé de conclure le 12 mars 1243 une trêve avec Saint Louis de cinq ans. Il faut attendre le retour de Saint Louis de sa première croisade pour que le traité de Paris mette fin le 28 mai 1258 à la première guerre de 100 ans. Traité surprenant, car si le roi d'Angleterre conservait la Guyenne, Saint Louis lui rendait le Quercy, le Périgord, le Limousin et la Saintonge.
Depuis 1229, Pierre Mauclerc et Thibaud de Champagne menaient une
croisade qui avait aboutie à la reprise (1241), puis à
la chute (1244) de Jérusalem. Saint Louis décide donc
de se croiser, il confie la régence à Blanche de Castille
et part d'Aigues Mortes le 25 août 1248 avec sa femme Marguerite
de Provence (qu'il a épousé en 1234).
Après un séjour à Chypre, il débarque
en Egypte et prend Damiette le 6 juin 1249. Mais en passant pas
l'Egypte il commet une faute stratégique. Il s'y enlisa et
échoua devant Mansourah, où son frère Robert
d'Artois fut tué. Lui même est fait prisonnier en avril,
et son armée fut décimé par la peste. Il dut
abandonner Damiette et verser une grosse rançon pour sa libération
et celle de ses barons. Une fois libre il se rend avec les rescapés
en Syrie où il aide les barons francs à fortifier
les positions (Césaré et Saint Jean d'Acre). Mais
la mort de sa mère en novembre 1252 le décide à
rentrer en juillet 1254 après 6 ans d'absence.
A
son retour, Saint Louis rend la plus ancienne ordonnance de réformation.
Influencé par le droit romain, mais aussi par le sentiment
que le roi devait exercer un devoir sacré autant qu'impérial
de justice, il impose à ses officiers des devoirs d'équité
et d'intégrité autant que de dignité de vie (ni
jeu de hasard ni fornication).
Cette
ordonnance est étendue en 1256 à l'ensemble du domaine
royal. Au delà même de la moralisation de la vie publique
(mise des villes de communes sous tutelle) celui ci fut amené
à sévir contre les jeux de hasard, la prostitution,
les blasphèmes et l'ivrognerie, tout autant que contre les
usuriers juifs (qu'il chasse en 1258), les banquier lombards et usurier
méridionaux.
Sous
le règne de Saint Louis, la cour du roi commence à se
tenir "en parlement" pour y juger, parfois en sa présence
et avec un personnel de plus en plus qualifié de juriste, les
affaires les plus diverses. L'image traditionnelle transmise par Joinville
représente Saint Louis rendant la justice sous un chêne
à Vincennes.
De plus le roi interdit en 1261 le recours au duel judiciaire, qui
permettait à un accusé de combattre son adversaire ou
un témoin, voir même les juges !!!
Il est remplacé par la preuve testimonial et la procédure
d'enquête. Il s'occupe également du système monétaire
; en 1262 une ordonnance impose une monnaie de bon aloi à tout
le royaume, sans pouvoir établir le monopole royal de la frappe,
mais interdisant aux seigneurs d'imiter la monnaie royale, la leur
ne valant que pour leur seigneurie.
Malgré son échec, sa première croisade lui donne une dimension internationale, qui jointe à son sens inné de la justice et de la paix, en fait le conciliateur rêvé. Ainsi Saint Louis tente de contribuer à la paix en Europe. A l'époque du traité de 1258 avec l'Angleterre, il conclu le 11 mai 1258 avec l'Aragon le traité de Corbeil, dans lequel il renonce aux droits du royaume sur le Rousillon et le Comté de Barcelone, revendiqués depuis Charlemagne, cela en échange de l'abandon par Jacques I d'Aragon de ses prétentions à intervenir en Languedoc et en Provence. De plus, le mariage de son fils aîné, future Philippe le Hardi, avec Isabelle d'Aragon devait consolider ce traité.
A
la fin de la 7ème croisade, Saint Louis avait aidé les
barons francs de Terre Sainte à se fortifier. Mais dans les
années 1260, la situation de ces derniers se détériore,
et le Sultan mamelouk Baïbans réussit à s'emparer
de Césarée en 1265, ainsi que de Jaffa et Antioche en
1268. Saint Louis veut se croiser de nouveau dès mars 1267,
mais ses fidèles dont Joinville le lui déconseillent.
La préparation de la 8ème croisade fut longue. Elle
part le 2 juillet 1270, toujours d'Aigues-Mortes.
Arrivé en Sardaigne, le roi précise
que la Tunisie est le premier objectif. En fait Saint Louis espère
que l'Emir, séduit par la religion chrétienne, se convertira
et l'aidera à combattre en Egypte et en Syrie. Aussitôt
débarquée l'armée des croisés réussit
à prendre Carthage, mais loin de se faire convertir, l'Emir
fait harceler les troupes royales par des arabes nomades.
C'est dans une tente en dehors de Carthage, que emporté par
une épidémie de dysenterie ou de typhus, Saint Louis
mourut comme un saint, étendu sur un lit de cendre le 25 août
1270. Charles d'Anjou arriva après sa mort et put négocier
avec l'Emir le départ des croisés.
Dès le 25 août, les barons avaient prêté
serment au nouveau roi, à qui il appartint de ramener les ossements
de son père à Notre Dame de Paris, puis à Saint
Denis pour l'inhumation de celui dont 1297 l'Eglise fit un Saint.
Juste
avant son départ, Saint Louis écrivit une lettre à
son fils Philippe, future roi, dans laquelle il donnait ses dernières
recommandations :
"Cher fils, s'il advient que tu devienne roi, prend
soin d'avoir des qualités qui appartiennent aux rois, c'est
à dire que, quoi qu'il arrive, tu ne t'écarte pas de
la justice. Et si il advient qu'il y ait une querelle entre un pauvre
et un riche, soutiens de préférence le pauvre contre
le riche jusqu'à ce que tu sache la vérité, et,
quant tu la connaîtras, fait justice. Et s'il advient que tu
aies querelle contre quelqu un d'autre, soutiens la querelle de l'adversaire
devant ton conseil, et ne donne pas l'impression de trop aimer ta
querelle jusqu'à ce que tu connaisse la vérité,
car les membres de ton conseil pourraient craindre de parler contre
toi, ce que tu ne doit pas vouloir."