Philippe 1

Né en 1053, meurt en 1108 à Melun.
Règne de 1060 à 1108.

Portrait de Philippe 1
Philippe I a souvent été décrit d'une façon peu flatteuse. Paresseux, gras et plus occupé par son estomac que par le combat. Mais c'est probablement à l'Eglise qu'il doit cette réputation, car à l'époque seuls les clerc écrivaient l'histoire. Son règne qui devait durer quarante huit ans, débute calmement après la régence de son oncle Baudoin V comte de Flandre. Mis à part le scandale causé par Anne de Kiev qui, après enlevement, épouse Raoul de Crépy.

Après l'annexion au domaine royal du Gâtinais et du Valentinois (1068), il soutient les droit de la Comtesse de Flandre Rachilde, contre Robert I le Frison. Mais battu par ce dernier près du mont Cassel en 1071, il s'allie à lui et épouse sa nièce Berthe de Hollande. Cela ne l'empêche pas en 1074, de lui prendre la ville de Corbie.

Si en 1066 Philippe était trop jeune, treize ans, pour contrer Guillaume le Conquérant dans sa conquête de l'Angleterre, il fit tout pour l'affaiblir sur le continent.
Il l'oblige à lever le siège de Dol en 1076 ce qui rend difficile à Guillaume l'annexion de la péninsule Bretonne à la Normandie, puis il sème la zizanie entre le nouveau roi d'Angleterre et ses barons continentaux, puis entre lui et ses fils.
Ainsi il soutient la révolte de Robert Courteheuse contre son père (Guillaume). Ce dernier est battu à Gerberoy en 1079, ce qui permet à Philippe I d'obtenir Gisors du fils, comme récompense pour son aide, et de l'argent du père pour lever le siège d'un château.

A la mort de Guillaume en 1087, Philippe continue sa politique de division en soutenant alors Robert Courteheuse (nouveau duc de Normandie) contre son frère Guillaume le Roux, devenu roi d'Angleterre.
Guillaume revendique le Vexin français et allié au Duc d'Aquitaine, il menace même le royaume, qui est sauvé par Louis, le prince héritier et l'héroïsme des défenseurs de Pontois puis de Chaumont en 1098.
La principale faute de Philippe I se fait au déclin de son règne lorsqu'il laisse agir son fils Louis, qui mal conseillé ne sut pas s'opposer en 1106 à la réunion par Henri Beauclerc (le successeur de Guillaume le Roux) de l'Angleterre et du Duché de Normandie; il faudra attendre 1202 pour que la France récupère la Normandie.

La réforme de l'Eglise visant à faire disparaître la simonie, ne plaît pas à Philippe qui la pratique. Cette réforme tend en fait à faire échapper les évêchés à son contrôle, ce qui ne peut que nuire à son pouvoir politique.
Le roi continue donc ses pratiques simoniaques, si bien que de 1076 à 1082, deux légats pontificaux sillonnent le royaume en déposant et excommuniant les évêques royaux. Mais le pape Grégoire VII en proie à des difficultés avec le Saint Empire, ménage politiquement Philippe I.

La vie privée du roi amène le nouveau pape Urbain II à plus de fermeté.
En 1092, Philippe I répudie la Reine Berthe, qui lui a donné le future héritier Louis VI. En effet, il répond à une déclaration d'amour passionnée de Bertrade de Montfort qui se croit délaissée par son époux Foulques le Réchin Comte de Blois.
Il l'épouse après un enlèvement, au mépris des lois de l'Eglise mais avec le consentement de deux évêques.

Urbain II excommunie le roi et sa nouvelle épouse, et Philippe ne se séparant pas de Bertrade, qui lui donne un fils Philippe de Mantes, son excommunication fut maintenue à de nombreuses reprises, en particulier au Concile de Clermont (1095) où fut prêchée la première croisade, ce qui explique qu'il n'y participera pas.
Cela n'empêche pas la venue en France du nouveau pape Pascal II en 1106-1107, et pour les évêchés une investiture spirituelle du pape et pour les bien temporels du roi.

Philippe I a sut agrandir sont royaume. Il annexe le Vermandois, le Gâtinais, le Vexin français, Corbie et Gisors, de plus il achète en 1101 Bourges et la seigneurie de Dun au Vicomte Arpin qui partait en croisade.
Mais ce sont des acquisitions fragiles, car les abords du domaine royal étaient infestés de seigneurs pillards. En 1081, l'un d'eux, le Sire du Puiset inflige une grosse défaite à l'armée royale.
Philippe continue de s'appuyer sur les châtelains fidèle de l'Ile de France où il choisit ses grands officiers, alors que les évêques s'éloignent de lui à cause de la réforme.
Il améliore l'administration de son domaine en utilisant des prévôts. Leur but étant d'administrer le domaine royal, en percevoir les revenus, y exercer la justice et récolter les amandes, et surtout, y faire respecter la loi du roi.

Philippe I meurt en 1108, et à la fin de sa vie il est de plus en plus impotent, d'ailleurs, c'est en vérité son fils Louis qui gouverne depuis 1101.
Mais ces dernières années ne doivent pas ternir les acquis de son règne notamment le freinage de l'expansion de Guillaume le Conquérant et de ses fils, et l'agrandissement du royaume.
Il sut conseiller à son fils la politique à suivre, et il suffira à ce dernier de la poursuivre dans ses grandes lignes.
Ainsi Louis VI deviendra pour les historiens, le roi dont le règne marque le "réveil de la royauté" en France. Sans compter que la solidité interne du domaine permettait une extension des pouvoirs royaux sans trop de difficultés.