Il épouse le 28 avril 1180 Isabelle de Hainaut (voire Les
trois femmes de Philippe Auguste), la nièce de
Philippe d'Alsace Comte de Flandre, qui lui apporte l'Artois en dot
à venir.
La famille de sa mère, les Champenois, se sentant mise à
l'écart, fait appelle à Henri II Plantagenêt,
mais ce dernier signe un traité d'alliance avec Philippe II
à Gisors. Alors les Champenois s'allient aux Flamands, et attaque
début 1181 le domaine royal.
Mais le roi en profite pour revendiquer les droits d'Isabelle de Vermandois,
la femme du comte de Flandre, que ce dernier cède au traité
de Boves (1185), ce qui lui permet de récupérer le Vermandois,
la ville d'Amien et l'Artois à la mort du comte de Flandre
en 1191.
Il ne lui reste qu'à se retourner contre le souverain anglais.
En 1183 et 1186, Henri le Jeune et Geoffroy de Bretagne,
les deux fils aînés de Henri II Plantagenêt que
Philippe Auguste soutenait dans leur révolte contre leur père,
meurent prématurément. Philippe Auguste s'allie avec
les deux survivants et rivaux Richard
Coeur de Lion et Jean
sans Terre et attaque le souverain anglais en 1187. Il
s'empare d'Issoudun et impose la paix de Châteauroux.
Cela n'empêche pas la reprise d'une guerre où Philippe
Auguste obtient l'appui de l'empereur Frédéric Barberousse et qui aboutit à la capitulation de
Henri II à Azay le Rideau. Ce dernier, avant de mourir abandonné
de tous le 6 juillet 1189 désigne Richard comme nouveau roi,
et abandonne à Philippe Auguste l'Auvergne, Issoudun et Châteauroux.
Jean demeuré sans terres reçoit quelques fiefs de son
frère qui part avec le roi de France pour la troisième
croisade.
Necessité
par la perte de Jérusalem en 1187 après que le roi Gui
de Lusignan soit vaincu par le célèbre Saladin
(Sala ed Din), la troisième croisade fut conduite par Richard
Coeur de Lion, Philippe Auguste et Frédéric Barberousse
qui meurt accidentellement avant son arrivée en Terre Sainte.
Mais Richard et Philippe Auguste ne s'entendent pas, car Richard a
refusé Alix, soeur du souverain français, en mariage.
Mais grâce à sa bravoure Saint Jean d'Acre est prise
par les croisés le13 juillet 1191.
Puis Philippe Auguste, soit disant malade de la suette (sorte de typhoïde)
rentre en France et laisse Richard échouer seul la prise de
Jérusalem. Philippe aurait prétexter cette maladie pour
profiter de l'absence de Richard.
De plus, Richard est fait prisonnier par le Duc d'Autriche qui le livre à l'Empereur Henri VI qui exige pour sa libération une énorme rançon. Philippe Auguste saute sur l'occasion et avec Jean sans Terre, il offre à Henri VI une forte somme pour que Richard reste son captif. Mais la vieille Aliénor d'Aquitaine réussi à réunir la rançon, et Richard est liberé en 1194 par l'empereur dont il se reconnaît le vassal.
Pendant
ce temps, Philippe en accord avec Jean avait enlevé le Vexin
et une partie de la Normandie, Richard ne peut être que mécontent.
Et bien que Philippe et Jean aient passé un accord, Jean préfère
se ranger du côté du Lion déchaîné
qui bat Philippe Auguste en 1194 à Fréteval puis en
1198 près de Gisors.
Le légat du pape
Innocent III s'étant interposé, une trêve
est signée en janvier 1199 à Vernon.
En 1200, Philippe Auguste marie son fils Louis VIII avec Blanche de
Castille (fille d'Alphonse VIII et petite fille d'Aliénor d'Aquitaine).
Richard
meurt devant Châlus le 6 avril 1199 et Jean sans Terre devient
roi d'Angleterre au détriment de son neveu Arthur de Bretagne,
que Philippe s'empresse de défendre en attaquant la Normandie.
Puis les deux rois se réconcilient momentanément par
le traité du Goulet (22 mai 1200), ce qui permet à Philippe
Auguste d'acquérir Evreux et le Berry en échange de
la reconnaissance de Jean comme roi d'Angleterre et vassal en France.
Richard
meurt devant Châlus le 6 avril 1199 et Jean sans Terre devient
roi d'Angleterre au détriment de son neveu Arthur de Bretagne,
que Philippe s'empresse de défendre en attaquant la Normandie.
Puis les deux rois se réconcilient momentanément par
le traité du Goulet (22 mai 1200), ce qui permet à Philippe
Auguste d'acquérir Evreux et le Berry en échange de
la reconnaissance de Jean comme roi d'Angleterre et vassal en France.
En
1202, Jean sans Terre enlève et épouse la fiancée
de Hugues X de Lusignan, comte de la Marche, qui se plaint au roi
de France.
Reprenant la cause d'Arthur de Bretagne, Philippe fait citer Jean
devant sa cour royale, qui en l'absence de l'accusé, prononce
la "commise", en fait la confiscation de tout ses fiefs français,
sauf la Normandie, dont le roi cède une partie à Arthur.
En 1203 Jean fait capturer Arthur puis le fait (soi disant) assassiner,
et Philippe conquiert la Normandie qui tombe après le siège
de Château Gaillard, qui abouti en juin 1204 à la capitulation
de Rouen.
Philippe après avoir occupé l'Anjou et le Poitou, réussit
à s'emparer de l'Aquitaine et affirme son pouvoir sur la Bretagne,
ne laissant à Jean que la Guyenne, le Béarn et le Commingues.
En 1208, la puissance anglaise est brisée en France, ce qui
n'empêche pas la guerre de prendre une dimension européenne.
L'Angleterre, fragile à la suite d'un conflit entre son roi
et l'Archevêque de Cantorbéry Etienne Langton, fut interdite
par le pape Innocent III en 1212.
Philippe Auguste songe à débarquer en Angleterre où
la couronne est offerte à son fils, mais finalement Jean sans
Terre se soumet au pape dont il se proclame le vassal.
Une alliance est conclue entre le roi d'Angleterre,
le Comte de Flandre Ferrand de Portugal et l'empereur d'Allemagne
Othon IV, que Philippe Auguste et le pape avait contrarié en
soutenant la candidature à l'empire de Frédéric
II de Hohenstaufen.
En mai 1213, Philippe essuie une cuisante défaite
navale, les anglais coulent sa flotte devant Damme et il doit brûler
ce qu'il reste de sa flotte.
Jean sans Terre et ses alliés décident de prendre Philippe
Auguste dans une tenaille en l'attaquant en même temps par le
nord et le sud. Mais le future Louis VIII fait échouer la première
partie de leur plan en battant Jean sans Terre à la Roche aux
Moines le 2 juillet 1214.
L'épisode
final fut le 27 juillet 1214 durant la bataille de Bouvines, où
Othon IV faillit tuer Philippe Auguste, mais qui tourne finalement
à la faveur de ce dernier. Cette Bataille décisive marque
le commencement de la fin pour Jean sans Terre.Il évacue le territoire français
et est contraint par le pape d'accepter le 18 septembre 1214 le traité
de Chinon et en juin 1215, sous les revendications des barons révoltés
, la Magna Carta (grande Chartre) qui limita ses pouvoirs.
Cela
n'empêche pas le pape de casser la chartre et Philippe Auguste
de soutenir les barons.
Louis le Dauphin débarque en Angleterre en mai 1216 et y est
couronné, avant que la mort de Jean sans Terre en octobre ne
remette cela en question. Car Henri III, le fils de Jean, fort de
l'appui du pape, réussit à se faire couronner. Battu
à Lincoln en avril 1217, le future Louis VIII rentre en France
et renonce à la couronne anglaise.
En 1220, le traité de Chinon qui marque les pertes territoriales
anglaises en France est confirmé.
On a souvent entendu dire que Philippe Auguste
ne s'était pas mêlé de la croisade contre les
cathares (albigeois), mais si il ne l'a pas fait directement, il donna
des ordres à ses vassaux, dont Simon de Montfort et le future
Louis VIII son fils.
Après l'insuccès de la prédication de Saint Dominique
en Languedoc, et l'assassinat en 1208 par des émissaires du
Comte Raimond VI de Toulouse (favorable aux cathares) du légat
pontifical Pierre de Castelnau, qui venait lui transmettre une excommunication,
la croisade se déchaîna.
De plus, en contradiction avec les règles féodales,
Innocent III offre à l'avance à celui qui les prendrait,
tous les bien du Comte Raimond VI, qui du coup fait momentanément
sa soumission au Pape.
Les croisés commencent alors par attaquer son vassal Roger
Trencavel le Vicomte de Carcassonne, et se rendent coupable le 21
juillet 1209, du terrible massacre de Béziers, ou sept mille
personnes sont tuées dans l'Eglise de la Madeleine.
Les propos prêtés au légat Arnaud Amalric, " Tuez
les tous, Dieu reconnaîtra les siens !", ont traversés
les siècles par leur fanatisme.
Finalement, le cruel Simon de Montfort battit l'armée du Comte
de Foix et du Comte de Toulouse à Castelnaudary, ne laissant
à ce dernier que Toulouse et Montauban. Il fait ensuite appel
à Pierre II d'Aragon, son beau frère, qui intervient
en 1213 mais qui est tué le 12 septembre à la bataille
de Muret, qui après la fuite du Comte de Toulouse en Angleterre,
assure à Simon de Montfort la conquête de presque tous
les biens de Raimond VI.
Raimond VII, fils du Comte de Toulouse, ne conserve que Nîme,
Beaucaire et la Provence, mais son père revient à Toulouse
en 1217, et c'est en assiégeant cette ville que Simon de Montfort
fut enfin tué le 25 juin 1218.
Son fils Amaury étant peu capable de conserver les terres conquises
par son père, et compte tenu des succès des barons méridionaux,
Philippe Auguste autorise son fils Louis à entrer en lice.
Mais après avoir pris Marmande en 1219, en y opérant
un massacre effroyable, il échoue devant Toulouse et rentre
dans le nord. A la mort de Philippe Auguste en 1223, le conflit n'est
pas résolut.
Durant son règne Philippe Auguste à su canaliser l'essor
du mouvement urbain. Il favorisa hors de son domaine le mouvement
communal en s'alliant aux bourgeois contre leur seigneurs, dont les
droits étaient justement limités par les communes. Il
avait tout intérêt à confirmer les privilèges
communaux dans les pays conquis, et il compris l'intérêt
militaire des communes qui, en tant que seigneuries collectives, devaient
le service d'ost (service militaire) à leur seigneur, si bien
qu'il les força à avoir les même intérêts
que lui.
Quant à
Paris, Philippe
Auguste décidé de l'embellir et de l'assainir. Il veilla
à ce qu'elle fut le siège d'une université de
renommée européenne, dont les statuts furent rédigés
en 1215 par le légat pontifical Robert de Courçon.
Le domaine royal quadrupla sous son règne, ce qui entraîna
des conséquences sur sa manière de gouverner et de concevoir
ses rapports avec ses vassaux.
Pour l'Eglise, Philippe Auguste intervint peu dans les élections,
se contentant d'exiger des évêques le service d'ost et
de limiter l'emprise de la justice ecclésiastique. Quand au
personnel gouvernemental utilisé par Philippe Auguste et fixé
dans la capitale, on note la spécialisation croissante qui
entraîne la diminution des pouvoirs des grands officiers (chancelier,
sénéchal ...), au moment où les bourgeois parisiens
voyaient grandir leur rôle de défenseurs de la monarchie.
Par exemple, dans le testament que le roi rédigea avant de
partir pour la croisade, c'est à des bourgeois qu'il confie
la garde du sceau royal et les clefs de son trésor.
Quand aux ressources financières, nécessaires pour financer
guerres, croisades et grands travaux, Philippe Auguste les tire de
l'église et des villes, où il transforme en taxes les
services dus. Sans compter les serfs qui payèrent leur affranchissement
et les juifs, qui expulsés payèrent leur droits de retour.
Malgré sa fragilité mentale, Philippe Auguste fit preuve
d'une ténacité retorse pour suivre sa politique de conquêtes.
Politique efficace car il sut toujours conserver et consolider ses
acquisitions.
Philippe Auguste fit de la France un État comptant en Europe,
et devant la puissance duquel le pape du s'incliner. On comprend alors
le couplet final de son éloge funèbre :
"Ce roi ressemblait à Charlemagne
Pour bien garder son domaine,
jamais on ne lui fit la guerre
Qu'il ne vainquît et mît en sierre (prison).
Ce roi doit-on bien comparer
A César-Auguste ..."