Philippe 2 Auguste

Né en 1165, mort à Paris en 1223.
Règne de 1180 à 1223.

portrait de Philippe Auguste
D'après ses contemporains, Philippe II était un bel homme, avec une figure agréable, un teint coloré et un tempérament porté sur la bonne chère, les femmes et le vin.
Craintif pour sa vie et très émotif, il savait néanmoins se montrer très dur pour ceux qui lui résistait.Louis VII n'était plus en état de prendre des décisions durant la dernière année de son règne, et le jeune Philippe manifesta dès lors une forte volonté politique.

Il épouse le 28 avril 1180 Isabelle de Hainaut (voire Les trois femmes de Philippe Auguste), la nièce de Philippe d'Alsace Comte de Flandre, qui lui apporte l'Artois en dot à venir.
La famille de sa mère, les Champenois, se sentant mise à l'écart, fait appelle à Henri II Plantagenêt, mais ce dernier signe un traité d'alliance avec Philippe II à Gisors. Alors les Champenois s'allient aux Flamands, et attaque début 1181 le domaine royal.
Mais le roi en profite pour revendiquer les droits d'Isabelle de Vermandois, la femme du comte de Flandre, que ce dernier cède au traité de Boves (1185), ce qui lui permet de récupérer le Vermandois, la ville d'Amien et l'Artois à la mort du comte de Flandre en 1191.
Il ne lui reste qu'à se retourner contre le souverain anglais.

En 1183 et 1186, Henri le Jeune et Geoffroy de Bretagne, les deux fils aînés de Henri II Plantagenêt que Philippe Auguste soutenait dans leur révolte contre leur père, meurent prématurément. Philippe Auguste s'allie avec les deux survivants et rivaux Richard Coeur de Lion et Jean sans Terre et attaque le souverain anglais en 1187. Il s'empare d'Issoudun et impose la paix de Châteauroux.
Cela n'empêche pas la reprise d'une guerre où Philippe Auguste obtient l'appui de l'empereur Frédéric Barberousse et qui aboutit à la capitulation de Henri II à Azay le Rideau. Ce dernier, avant de mourir abandonné de tous le 6 juillet 1189 désigne Richard comme nouveau roi, et abandonne à Philippe Auguste l'Auvergne, Issoudun et Châteauroux.
Jean demeuré sans terres reçoit quelques fiefs de son frère qui part avec le roi de France pour la troisième croisade.

Necessité par la perte de Jérusalem en 1187 après que le roi Gui de Lusignan soit vaincu par le célèbre Saladin (Sala ed Din), la troisième croisade fut conduite par Richard Coeur de Lion, Philippe Auguste et Frédéric Barberousse qui meurt accidentellement avant son arrivée en Terre Sainte.
Mais Richard et Philippe Auguste ne s'entendent pas, car Richard a refusé Alix, soeur du souverain français, en mariage. Mais grâce à sa bravoure Saint Jean d'Acre est prise par les croisés le13 juillet 1191.
Puis Philippe Auguste, soit disant malade de la suette (sorte de typhoïde) rentre en France et laisse Richard échouer seul la prise de Jérusalem. Philippe aurait prétexter cette maladie pour profiter de l'absence de Richard.

De plus, Richard est fait prisonnier par le Duc d'Autriche qui le livre à l'Empereur Henri VI qui exige pour sa libération une énorme rançon. Philippe Auguste saute sur l'occasion et avec Jean sans Terre, il offre à Henri VI une forte somme pour que Richard reste son captif. Mais la vieille Aliénor d'Aquitaine réussi à réunir la rançon, et Richard est liberé en 1194 par l'empereur dont il se reconnaît le vassal.

Pendant ce temps, Philippe en accord avec Jean avait enlevé le Vexin et une partie de la Normandie, Richard ne peut être que mécontent.
Et bien que Philippe et Jean aient passé un accord, Jean préfère se ranger du côté du Lion déchaîné qui bat Philippe Auguste en 1194 à Fréteval puis en 1198 près de Gisors.
Le légat du pape Innocent III s'étant interposé, une trêve est signée en janvier 1199 à Vernon.
En 1200, Philippe Auguste marie son fils Louis VIII avec Blanche de Castille (fille d'Alphonse VIII et petite fille d'Aliénor d'Aquitaine).

Richard meurt devant Châlus le 6 avril 1199 et Jean sans Terre devient roi d'Angleterre au détriment de son neveu Arthur de Bretagne, que Philippe s'empresse de défendre en attaquant la Normandie.
Puis les deux rois se réconcilient momentanément par le traité du Goulet (22 mai 1200), ce qui permet à Philippe Auguste d'acquérir Evreux et le Berry en échange de la reconnaissance de Jean comme roi d'Angleterre et vassal en France.

Richard meurt devant Châlus le 6 avril 1199 et Jean sans Terre devient roi d'Angleterre au détriment de son neveu Arthur de Bretagne, que Philippe s'empresse de défendre en attaquant la Normandie.
Puis les deux rois se réconcilient momentanément par le traité du Goulet (22 mai 1200), ce qui permet à Philippe Auguste d'acquérir Evreux et le Berry en échange de la reconnaissance de Jean comme roi d'Angleterre et vassal en France.

En 1202, Jean sans Terre enlève et épouse la fiancée de Hugues X de Lusignan, comte de la Marche, qui se plaint au roi de France.
Reprenant la cause d'Arthur de Bretagne, Philippe fait citer Jean devant sa cour royale, qui en l'absence de l'accusé, prononce la "commise", en fait la confiscation de tout ses fiefs français, sauf la Normandie, dont le roi cède une partie à Arthur.
En 1203 Jean fait capturer Arthur puis le fait (soi disant) assassiner, et Philippe conquiert la Normandie qui tombe après le siège de Château Gaillard, qui abouti en juin 1204 à la capitulation de Rouen.
Philippe après avoir occupé l'Anjou et le Poitou, réussit à s'emparer de l'Aquitaine et affirme son pouvoir sur la Bretagne, ne laissant à Jean que la Guyenne, le Béarn et le Commingues.
En 1208, la puissance anglaise est brisée en France, ce qui n'empêche pas la guerre de prendre une dimension européenne.

L'Angleterre, fragile à la suite d'un conflit entre son roi et l'Archevêque de Cantorbéry Etienne Langton, fut interdite par le pape Innocent III en 1212.
Philippe Auguste songe à débarquer en Angleterre où la couronne est offerte à son fils, mais finalement Jean sans Terre se soumet au pape dont il se proclame le vassal.
Une alliance est conclue entre le roi d'Angleterre, le Comte de Flandre Ferrand de Portugal et l'empereur d'Allemagne Othon IV, que Philippe Auguste et le pape avait contrarié en soutenant la candidature à l'empire de Frédéric II de Hohenstaufen.
En mai 1213, Philippe essuie une cuisante défaite navale, les anglais coulent sa flotte devant Damme et il doit brûler ce qu'il reste de sa flotte.
Jean sans Terre et ses alliés décident de prendre Philippe Auguste dans une tenaille en l'attaquant en même temps par le nord et le sud. Mais le future Louis VIII fait échouer la première partie de leur plan en battant Jean sans Terre à la Roche aux Moines le 2 juillet 1214.

L'épisode final fut le 27 juillet 1214 durant la bataille de Bouvines, où Othon IV faillit tuer Philippe Auguste, mais qui tourne finalement à la faveur de ce dernier. Cette Bataille décisive marque le commencement de la fin pour Jean sans Terre.Il évacue le territoire français et est contraint par le pape d'accepter le 18 septembre 1214 le traité de Chinon et en juin 1215, sous les revendications des barons révoltés , la Magna Carta (grande Chartre) qui limita ses pouvoirs. Cela n'empêche pas le pape de casser la chartre et Philippe Auguste de soutenir les barons.
Louis le Dauphin débarque en Angleterre en mai 1216 et y est couronné, avant que la mort de Jean sans Terre en octobre ne remette cela en question. Car Henri III, le fils de Jean, fort de l'appui du pape, réussit à se faire couronner. Battu à Lincoln en avril 1217, le future Louis VIII rentre en France et renonce à la couronne anglaise.
En 1220, le traité de Chinon qui marque les pertes territoriales anglaises en France est confirmé.

On a souvent entendu dire que Philippe Auguste ne s'était pas mêlé de la croisade contre les cathares (albigeois), mais si il ne l'a pas fait directement, il donna des ordres à ses vassaux, dont Simon de Montfort et le future Louis VIII son fils.
Après l'insuccès de la prédication de Saint Dominique en Languedoc, et l'assassinat en 1208 par des émissaires du Comte Raimond VI de Toulouse (favorable aux cathares) du légat pontifical Pierre de Castelnau, qui venait lui transmettre une excommunication, la croisade se déchaîna.
De plus, en contradiction avec les règles féodales, Innocent III offre à l'avance à celui qui les prendrait, tous les bien du Comte Raimond VI, qui du coup fait momentanément sa soumission au Pape.
Les croisés commencent alors par attaquer son vassal Roger Trencavel le Vicomte de Carcassonne, et se rendent coupable le 21 juillet 1209, du terrible massacre de Béziers, ou sept mille personnes sont tuées dans l'Eglise de la Madeleine.
Les propos prêtés au légat Arnaud Amalric, " Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens !", ont traversés les siècles par leur fanatisme.
Finalement, le cruel Simon de Montfort battit l'armée du Comte de Foix et du Comte de Toulouse à Castelnaudary, ne laissant à ce dernier que Toulouse et Montauban. Il fait ensuite appel à Pierre II d'Aragon, son beau frère, qui intervient en 1213 mais qui est tué le 12 septembre à la bataille de Muret, qui après la fuite du Comte de Toulouse en Angleterre, assure à Simon de Montfort la conquête de presque tous les biens de Raimond VI.
Raimond VII, fils du Comte de Toulouse, ne conserve que Nîme, Beaucaire et la Provence, mais son père revient à Toulouse en 1217, et c'est en assiégeant cette ville que Simon de Montfort fut enfin tué le 25 juin 1218.
Son fils Amaury étant peu capable de conserver les terres conquises par son père, et compte tenu des succès des barons méridionaux, Philippe Auguste autorise son fils Louis à entrer en lice. Mais après avoir pris Marmande en 1219, en y opérant un massacre effroyable, il échoue devant Toulouse et rentre dans le nord. A la mort de Philippe Auguste en 1223, le conflit n'est pas résolut.

Durant son règne Philippe Auguste à su canaliser l'essor du mouvement urbain. Il favorisa hors de son domaine le mouvement communal en s'alliant aux bourgeois contre leur seigneurs, dont les droits étaient justement limités par les communes. Il avait tout intérêt à confirmer les privilèges communaux dans les pays conquis, et il compris l'intérêt militaire des communes qui, en tant que seigneuries collectives, devaient le service d'ost (service militaire) à leur seigneur, si bien qu'il les força à avoir les même intérêts que lui.
Quant à Paris, Philippe Auguste décidé de l'embellir et de l'assainir. Il veilla à ce qu'elle fut le siège d'une université de renommée européenne, dont les statuts furent rédigés en 1215 par le légat pontifical Robert de Courçon.
Le domaine royal quadrupla sous son règne, ce qui entraîna des conséquences sur sa manière de gouverner et de concevoir ses rapports avec ses vassaux.
Pour l'Eglise, Philippe Auguste intervint peu dans les élections, se contentant d'exiger des évêques le service d'ost et de limiter l'emprise de la justice ecclésiastique. Quand au personnel gouvernemental utilisé par Philippe Auguste et fixé dans la capitale, on note la spécialisation croissante qui entraîne la diminution des pouvoirs des grands officiers (chancelier, sénéchal ...), au moment où les bourgeois parisiens voyaient grandir leur rôle de défenseurs de la monarchie. Par exemple, dans le testament que le roi rédigea avant de partir pour la croisade, c'est à des bourgeois qu'il confie la garde du sceau royal et les clefs de son trésor.
Quand aux ressources financières, nécessaires pour financer guerres, croisades et grands travaux, Philippe Auguste les tire de l'église et des villes, où il transforme en taxes les services dus. Sans compter les serfs qui payèrent leur affranchissement et les juifs, qui expulsés payèrent leur droits de retour.

Malgré sa fragilité mentale, Philippe Auguste fit preuve d'une ténacité retorse pour suivre sa politique de conquêtes. Politique efficace car il sut toujours conserver et consolider ses acquisitions.
Philippe Auguste fit de la France un État comptant en Europe, et devant la puissance duquel le pape du s'incliner. On comprend alors le couplet final de son éloge funèbre :

"Ce roi ressemblait à Charlemagne
Pour bien garder son domaine,
jamais on ne lui fit la guerre
Qu'il ne vainquît et mît en sierre (prison).
Ce roi doit-on bien comparer
A César-Auguste ...
"